Photo: La montée des marches du FIDLAS de Vallauris !!
Et donc voilà...
Mon film a connu sa première projection publique au FIDLAS à Vallauris...
Equipe très sympa, accueil chaleureux; en particulier de Jean-Marc Michel, l'organisateur en chef.
Mon film y a donc été projeté... et je dois dire que l'accueil qui lui a été réservé m'a surpris.
Pour bien comprendre, je me dois de réexpliquer ce que j'ai voulu faire avec mon film: montrer la vie brute à bord d'un bateau, sans fard, sans concessions. Bref, être VRAI (l'exercice a ses limites car - bien sûr - cette réalité passe par la moulinette de mon regard et de la technique, mais le débat n'est pas là). Et c'est apparemment ce qui a dérangé certains spectateurs et une bonne partie des membres du jury...
"Pourquoi avoir montré le massacre du thon ?"m'a lancé un Régis Faucon très en verve et qui a quitté la salle à ce moment précis. "Pourquoi filmer des gens pas intéressants ?" ai-je pu entendre de la bouche de Patrick Vaucoulon... Toutes choses auxquelles j'ai répondu par un simple: "Pourquoi pas ?"
Mais c'est en discutant avec Pierre Douay, photographe naturaliste (fort bon d'ailleurs) que j'ai compris: après une discussion d'une bonne demie-heure à bâtons rompus sur mon film, il m'a balancé: "En fait, ton film désacralise l'aventure !". "C'était le but !" lui ai-je alors lancé. "C'est réussi !" m'a-t-il dit... et on s'est serré la main.
Alors voilà: en montrant les coulisses bruts d'une aventure mené par des garçons dont le but principal est de prendre du plaisir sur l'eau, je n'ai pas suivi le préceptes classiques de l'aventure et donc du film d'aventure: humilité, sublimation de l'homme et de la nature, démarche "positive", découverte de l'autre, émerveillement, éthique ou à contrario exploit personnel, dépassement de soi, repoussement des limites etc.
Bon.
Mission réussie donc, puisque c'était ce que je voulais faire: m'inscrire en faux par rapport aux films de voile qui présentent souvent les marins comme des êtres exceptionnels, qui font quelque chose d'exceptionnel dans un milieu exceptionnel. Je saurai désormais que mon film montre le côté face de l'aventure et qu'il faudra désormais le présenter comme tel.
Le Fidlas s'est terminé. Et je me dis finalement qu'il vaut mieux avoir suscité des réactions passionnées, aussi lapidaires soient-elles, plutôt que des applaudissements polis. Et je dois beaucoup à tous ces critiques d'un jour avec lesquels je me suis - au final - bien entendu.
Avant de finir, il me faut quand même rapporter la plus belle phrase que je dois à Georges Gadioux, membre des Expéditions Polaires Françaises :"Votre film, on devrait le projeter aux Glénans pour montrer ce qu'il ne faut pas faire"