mardi 19 juin 2007

Projection au Fidlas

Photo: La montée des marches du FIDLAS de Vallauris !!

Et donc voilà...
Mon film a connu sa première projection publique au FIDLAS à Vallauris...
Equipe très sympa, accueil chaleureux; en particulier de Jean-Marc Michel, l'organisateur en chef.
Mon film y a donc été projeté... et je dois dire que l'accueil qui lui a été réservé m'a surpris.
Pour bien comprendre, je me dois de réexpliquer ce que j'ai voulu faire avec mon film: montrer la vie brute à bord d'un bateau, sans fard, sans concessions. Bref, être VRAI (l'exercice a ses limites car - bien sûr - cette réalité passe par la moulinette de mon regard et de la technique, mais le débat n'est pas là). Et c'est apparemment ce qui a dérangé certains spectateurs et une bonne partie des membres du jury...
"Pourquoi avoir montré le massacre du thon ?"m'a lancé un Régis Faucon très en verve et qui a quitté la salle à ce moment précis. "Pourquoi filmer des gens pas intéressants ?" ai-je pu entendre de la bouche de Patrick Vaucoulon... Toutes choses auxquelles j'ai répondu par un simple: "Pourquoi pas ?"
Mais c'est en discutant avec Pierre Douay, photographe naturaliste (fort bon d'ailleurs) que j'ai compris: après une discussion d'une bonne demie-heure à bâtons rompus sur mon film, il m'a balancé: "En fait, ton film désacralise l'aventure !". "C'était le but !" lui ai-je alors lancé. "C'est réussi !" m'a-t-il dit... et on s'est serré la main.
Alors voilà: en montrant les coulisses bruts d'une aventure mené par des garçons dont le but principal est de prendre du plaisir sur l'eau, je n'ai pas suivi le préceptes classiques de l'aventure et donc du film d'aventure: humilité, sublimation de l'homme et de la nature, démarche "positive", découverte de l'autre, émerveillement, éthique ou à contrario exploit personnel, dépassement de soi, repoussement des limites etc.
Bon.
Mission réussie donc, puisque c'était ce que je voulais faire: m'inscrire en faux par rapport aux films de voile qui présentent souvent les marins comme des êtres exceptionnels, qui font quelque chose d'exceptionnel dans un milieu exceptionnel. Je saurai désormais que mon film montre le côté face de l'aventure et qu'il faudra désormais le présenter comme tel.
Le Fidlas s'est terminé. Et je me dis finalement qu'il vaut mieux avoir suscité des réactions passionnées, aussi lapidaires soient-elles, plutôt que des applaudissements polis. Et je dois beaucoup à tous ces critiques d'un jour avec lesquels je me suis - au final - bien entendu.

Avant de finir, il me faut quand même rapporter la plus belle phrase que je dois à Georges Gadioux, membre des Expéditions Polaires Françaises :"Votre film, on devrait le projeter aux Glénans pour montrer ce qu'il ne faut pas faire"


1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonjour Olivier,

Comme nous avons vu le DVD et sommes plaisancers de surcroit nous ne partageons pas les commentaires amènes ou négatifs émis lors de la présentation du film.

Tout au contraire, nous tenons à dire que ce film authentique nous a directement touché, interpellé en tant que simples plaisanciers tellement ce qui est relaté est ce qui se passe, réellement, à bord d'un voilier en navigation.

Toute personne ayant navigué en plaisance s'y retrouvera à travers toutes les péripéties de cet équipage particulièrement humble mais soudé et décidé à atteindre ce but mythique qui est le Cap Horn.

En nous remémorant le film, il nous vient un air connu d'une chanson célèbre de Brassens, "les copains d'abord" qui nous semble coller exactement à cette aventure.

Qui aujourd'hui est capable de partager un mileu clot, humide et dangereux avec 6 autres copains pendant des semaines pour aller contempler un mauvais bout de caillou gris noir vu en photo des centaines de fois sans s'entretuer ou se jeter à l'eau pour fuir le bord ?

Qui aujourd'hui est capable sur une telle duréé d'organiser un tel projet et d'aller jusqu'au bout...en restant (nous pouvons le témoigner, nous avons rencontré les 6 garçons à leur ponton...) humble et de rester unis ensuite et de continuer à naviguer comme si cette aventure n'avais été qu'une sortie estivale de plus?

Bien peu de monde en vérité.

Non, les 6 garçons ne sont certainement pas des gens initeressants, bien au contraire...mais après les avoir cotoyé quelques instants, ils révèlent en fait une attitude humaine de plus en plus rare aujourd'hui, à savoir la modestie et l'humilité.

Quand nous les avions rencontrés la première fois, ils nous ont avoués presque du bout des lèvres, tranquillement le parcours qu'ils avaient fait, sans frime ni effet de manche comme on en voit souvent le dimanche après midi dans les yacht clubs ou des (faux) cap-horniers du week-end vous narrent des exploits à faire frémir la belle-mère !

Non, non, rien de tout cela effectivement et seuls ceux qui ne sont pas en mesure d'apprécier la route parcourue peuvent ne pas y trouver leur compte, mais une oeuvre spécialisée comme celle là ne peut effectivement atteindre tous les publics à coup sûr.

On vous reproche le massacre du thon ?

Mon dieu quelle horreur, cachez ce sang que je ne saurai voir !

Alors qu'en fait vous vouliez montrer comment achever le poisson avec la technique douce qui consiste à verser de l'alcool dans les branchies...cela n'a pas marché et la bête est tuée classiquement comme le font des millions de pêcheur de part le monde pour nourrir leur famille ou alimenter de tès chics et chers restaurant où s'attablent les "bonnes" âmes sensibles gardiennes du savoir vivre et du bon goût.

Mais si cela en choque quelques uns, j'espère que ce ne sont pas les mêmes qui remplissent les salles pour aller voir les films à sensation et autres effets spéciaux et se ruent sur le journal télévisé de 20 heures pour compter les morts, les innondations et se passent le dernier tsunami en boucle...

Ceux là ont une vie tellement plate et vide qu'ils se la nourrissent en critiquant celle des autres, déconnectés de la réalité il sont outragés quand ils y sont confrontés comme avec votre film.

Pendant ce temps là vous vivez la vôtre pleinement, passez un Cap-Horn bien mérité et nous faites partager ces moments extrêmements rares sous des aspects bon enfant et sans paillettes qu'on appelle le bonheur.

Vous avez été (et l'êtes encore sûrement) heureux, le film vous permet aujourd'hui d'en être sûr et certain, c'est un témoignage, un reportage qui nous permet de nous faire part de ce bonheur d'être sur l'eau...

C'est comme être bien amarré au port après avoir subi le mauvais temps et se rememorer en rigolant toutes les galères traversées pour arriver sain et sauf.

Se sentir plus unis qu'avant le départ, plus sûr de soi en mer, savoir que le bateau est solide et tiendra encore, être prêt pour de nouveaux défis, bref vivre intensémment...

Bravo aussi au cinéaste pour cet autre exploit qui consiste à réunir suffisamment d'images pour en faire un film à bord d'un petit bateau secoué par les éléments, loin de toute communication et de source d'énergie (mais comment alimenter une caméra pendant tout ce temps?) sans interférer avec les nécessités du bord...mais tout cela ne se voit pas à simplement visionner le film.

C'est néanmoins une prouesse.

Alors pour tout ça, pour vos exploits et vos réussite, bravo et merci encore une fois.

Bon vent et bonne mer à tous et à bientôt sur l'eau.